Sensible, frais, énergique, le troisième film de Michel Boujenah rayonne par sa mécanique parfaite. Histoire profonde et touchante, acteurs magnifiques, rythme soutenu, musique vibrante, tout participe à l’éclat de cette œuvre généreuse, à aller voir… les yeux ouverts ! Interview.
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Comment avez-vous découvert Le Cœur en braille et qu’est-ce qui vous a touché?
Michel Boujenah On m’a envoyé le roman pendant les vacances. Je ne l’ai pas ouvert tout de suite et un jour, je me suis dit qu’il fallait que je le lise, par courtoisie, et je suis tombé amoureux de cette histoire. On y voit la passion qui l’emporte sur tout, la combativité de cette petite fille, le fait que ce sont des enfants qui donnent des leçons de vie aux parents, et puis la gravité d’une histoire d’amour à 12 ans. Finalement, il n’y a pas d’âge pour aimer gravement et follement. Quand vous mélangez tout ça, il y a vraiment de quoi raconter une belle histoire.
A chaque fois qu’on me parlait du film, je disais aussi souvent : « C’est une leçon de vie que donnent deux enfants aux adultes ». Car ces « petites personnes » ont beaucoup à nous apprendre de la vie. C’est une histoire d’amour de grands, vécue par des enfants avec les mêmes mécanismes que ceux des adultes. Enfin, j’ai été frappé par la métaphore de la cécité.
Quel message particulier avez-vous voulu transmettre dans cette histoire ?
M.B. Regardons nos enfants, regardons-les, écoutons-les ! C’est ce que dit le personnage de Laurent Capelluto à un moment donné : « Regardez-la vivre, écoutez-la, le bon moment s’imposera de lui-même ».
Qu’est-ce que votre casquette de réalisateur vous permet-elle d’expérimenter ?
M.B. Voir ! Même si je fais un film sur quelqu’un qui perd la vue. Quand je suis sur scène, je ne vois pas, je suis dans mon truc, tandis qu’au cinéma, j’imagine ET je vois ! C’est quand même magique : j’imagine des enfants et puis, un jour, j’ai des enfants qui vont jouer ; j’imagine un vieux, j’ai un vieux, j’imagine une jolie femme, il y a une jolie femme à l’écran. Et non seulement je la vois, mais en plus le directeur de casting va venir aux réunions avec 25 jolies femmes en demandant : c’est laquelle ?
Comment s’est passé le tournage en Belgique ?
M.B. Les gens en Belgique nous ont très bien accueillis, tout s’est très bien passé… en dépit de la météo ! Le tournage a eu lieu à Braine-l’Alleud et à Mons dans un institut pour non-voyants. Je leur ai promis de faire la première projection belge à Mons, la seconde aura lieu le lendemain à Imagibraine, un très beau cinéma.
A quel public avez-vous pensé en réalisant ce film ?
M.B. Je ne pense pas à tel ou tel type public quand je fais des films. Je raconte mes histoires et j’espère que des gens iront les voir. Si je devais les sélectionner… C’est un film intergénérationnel qui s’adresse autant aux enfants qu’aux adultes. Pour moi, un film, c’est avant tout une histoire capable de toucher le grand public et mon rêve, c’est de faire du cinéma populaire, dans le plus beau sens du terme.
Quel est votre ressenti à l’heure de la sortie ?
M.B. Mon sentiment, c’est qu’avec tout ce qui se passe en ce moment, il faut continuer à raconter de belles histoires, c’est très important parce que c’est ça continuer à vivre. Il n’y a pas que le terrorisme et le reste, il y a aussi le fait qu’il faut qu’on continue à vivre. Vous savez, une fois en Israël, c’était deux jours après un attentat et une fête avait lieu. Et ils étaient tous en train de faire la fête. J’ai interrogé mon cousin qui vit là-bas et il m’a dit : « Mais Michel, si on ne continue pas à faire la fête, on est mort, ils ont gagné ! ». Donc il faut continuer à raconter de belles histoires. Et pas forcément des récits qui traitent toujours de ces sujets qui nous obsèdent et qui envahissent nos vies -l’antisémitisme, le terrorisme, le chômage ou les résultats des élections américaines-, non, des belles histoires.
Le pitch Marie est une adolescente passionnée de violoncelle et très douée à l’école. Victor est un garçon sympathique qui connaît quelques difficultés scolaires. Il tombe amoureux d’elle et petit à petit, à sa grande surprise, Marie se met à l’aider. Lorsque Marie lui révèle son secret -elle est en train de perdre la vue-, ils concluent un pacte. Victor l’aide à cacher son état, afin qu’elle puisse passer le concours d’entrée au Conservatoire. Leur duo improbable sera prêt à tout pour faire face au reste du monde.
Le cœur en braille de Michel Boujenah.
Adapté du roman Le cœur en braille de Pascal Ruter.
Avec Alix Vaillot, Jean Stan du Pac, Charles Berling, Pascal Elbé, Vincent Taloche… et la participation de Laurent Capelluto. V.O. FR
Sortie du film : le 28 décembre 2016
[Source : www.cclj.be]
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