Jean d’Ormesson est décédé à l’âge de 92 ans. Il publie son premier livre en 1956. L’Amour est un plaisir porte déjà un titre très “ormessonien”, mais ne rencontre pas le succès. Julliard, son premier éditeur a beau voir en lui un “frère de Sagan”, le roman ne se vend qu’à 2 000 exemplaires. Ce n’est que quinze ans plus tard, en 1971, que La Gloire de l’empire atteint les 100 000 exemplaires, un étiage que l’académicien – il le sera en 1973 –ne quittera plus jusqu’à sa mort. Au total, une quarantaine de livres porteront son imprimatur. Difficile d’en distinguer certains plus que d’autres. En dépit de leur diversité de ton, de formes et de taille, les livres de Jean d’O. mettent en scène des hommes libres souvent déchirés entre l’amour et le devoir, la nostalgie et l’époque dont ils sont le fruit.
Mon dernier rêve sera pour vous (1982). La passion de Jean d’Ormesson pour Chateaubriand n’est un secret pour personne. Quand il ne sait pas de qui parler, il évoque son maître quand il hésite entre deux livres, il revient toujours aux Mémoires d’outre-tombe. Mon dernier rêve sera pour vous est une biographie sentimentale de l’auteur d’Atala. En 1988, l’académicien signe également l’album Chateaubriand de la Pléiade.
Le Vent du soir (1984) inaugure une trilogie (avec Tous les hommes en sont fous et Le Bonheur à San Miniato). Elle narre le destin croisé de quatre frères et quatre sœurs perdus dans les replis de l’histoire et qui parcourent le monde. Du Brésil à Venise, de Vienne en Afrique du Sud, tous croquent la vie à pleines dents, succombent à l’amour, à l’amitié, à l’ambition et à la beauté. Un cycle romanesque dans lequel l’auteur ne cache pas son admiration pour les auteurs russes et français du XIXe siècle.
L’Histoire du juif errant (1990). Quand on aime l’histoire, la transcendance, la permanence des choses, le romanesque et Venise, le juif errant est un thème incontournable. Simon qui a refusé à Jésus un verre d’eau au Golgotha est condamné à marcher partout dans le monde sans jamais trouver ce qu’il cherche. Mais d’ailleurs que cherche-t-il ? Auteur de la faute première, il endosse au fil des années tous les péchés de ses contemporains.
Presque rien sur presque tout (1995). Peut-être lassé que l’on qualifie ses ouvrages de légers, Ormesson s’est souvenu qu’en 1949 il fut agrégé de philosophie et qu’il fut un élève de Louis Althusser. Du milieu des années 1990 à la fin de sa vie, il publia une demi-douzaine de livres plus ouvertement philosophiques. Nous sommes tous des nains juchés sur des géants et si minuscules face à l’immensité de l’univers. L’infiniment grand et l’infiniment petit sont les thèmes de Presque tout sur presque rien, ou de C’est une chose étrange à la fin que le monde paru en 2010.
Une autre histoire de la littérature française 2 tomes (1997 et 1998). Avant d’écrire, Jean d’Ormesson fut un lecteur compulsif, avide de tous les auteurs français du XVIIIe, du XIXe et de la première moitié du XXe siècle. Il aimait par-dessus tout ceux qui, pour des raisons obscures, ont raté la marche de la reconnaissance pour des raisons inexpliquées… Il tenta de sortir Paul-Jean Toulet de son purgatoire, contribua à faire de Chateaubriand une référence incontestée, rendit à Dumas ses quartiers de grand écrivain, apprécia le bourgeois Larbaud en connaisseur… Avec ces deux tomes et les évocations nombreuses de ses maîtres en littérature, l’académicien devint le prof de lettre des Français sans cuistrerie ni pédanterie.
Le Rapport Gabriel (1999). Jean d’Ormesson détestait parler de sa vie privée, mais un cycle de son œuvre est d’inspiration autobiographique. Du côté de chez Jean, Au revoir et merci, C’était bien sont à mi-chemin entre l’essai et le roman. Le Rapport Gabriel fut à sa sortie l’objet d’une vive polémique. L’auteur racontait qu’il fut reçu à l’Élysée par François Mitterrand le 17 mai 1995, quelques heures avant que celui-ci ne quitte le pouvoir. Au menu de leur conversation, la vie, l’amour et surtout la mort, mais aussi “l’influence puissante et nocive du “lobby juif” – l’expression est celle de l’ancien président. La gauche poussera des cris d’orfraie. La polémique a obscurci le vrai propos du livre : Dieu demande à l’ange Gabriel de donner une dernière chance aux hommes. Descendu sur terre, celui-ci s’installe chez Jean d’Ormesson pour essayer de comprendre ses contemporains.
La Conversation (2011). Ce devait être un roman de jeunesse, ce fut la pièce de théâtre de la maturité. Ce dialogue imaginaire un soir d’hiver 1803-1804 aux Tuileries entre les consuls Cambacérès et Bonaparte fut joué au théâtre des Mathurins. Bonaparte veut bâtir sa légende et capitaliser la victoire au pont d’Arcole, il teste la résistance de l’establishment incarné par un Cambacérès qui a peur de tout, mais est fasciné par le futur empereur.
[Source : www.jssnews.com]
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