L’association Français du monde -
adfe compte aujourd’hui plus de 4000 adhérents. Plus d’un mois après les
élections consulaires, la présidente Monique Cerisier Ben-Guiga dresse
un bilan sur ces élections et revient sur les projets de l’association
lepetitjournal.com : La participation aux élections consulaires a été plutôt faible. Quel bilan faites-vous de cette première élection ?
Monique Cerisier ben Guiga : Il est très difficile
pour l’instant de dresser le bilan de ces élections car une
participation au niveau mondial ne veut rien dire. Ce que je constate
c’est qu’il n’y a pas eu de chute globale de la participation. Cette
dernière s’est maintenue et elle a même été supérieure à la
participation aux élections européennes. Cela signifierait que le vote
par internet a joué un rôle favorable dans la participation. Elle est
toujours plus forte dans les pays qui connaissent de grosses difficultés
comme en Afrique par rapport aux États-Unis. Mais cela reste vague.
Nous serons capables de donner une vraie analyse quand nous aurons tous
les chiffres.
Quant à l’organisation du scrutin, les difficultés viennent d’un
manque de moyens humains. Le personnel consulaire est en sous-effectif
et n’a pas de formation spécifique sur les questions électorales.
Vous aviez plusieurs listes à votre nom. Français du monde-adfe n'est-elle pas en train de devenir un parti politique ?
Nous ne présentions pas de candidats contrairement à un parti
politique. La démarche est inverse, nous apportions notre soutien à des
adhérents qui nous le demandaient. En tant qu’association civique, nous
veillons à ce que nos adhérents puissent avoir une vie civique française
tout en restant à l’étranger. Dans cette vie civique, il peut y avoir
la démarche de se présenter à une élection. Quand des adhérents à nos
associations ont constitué des listes, dans les normes démocratiques que
nous avions exigées, nous leur avons accordé notre soutien. Ils
pouvaient utiliser notre logo et notre nom. Nous les avons aidés d’un
point de vue technique en fournissant à nos sections dès le mois de
septembre des fiches pour leur expliquer comment faire pour constituer
une liste, rédiger une circulaire électorale ou encore comment respecter
la loi en matière financière.
Les conseillers consulaires soutenus par Français du
monde-adfe n’auront donc pas de consigne de vote pour les prochaines
sénatoriales?
L’association Français du monde-adfe ne donnait déjà pas de consigne
de vote et elle n’en donnera toujours pas. Auparavant les seuls grands
électeurs étaient conseillers à l’AFE (assemblée des Français de
l’étranger). Ces conseillers avaient un groupe « Français du monde » et
ce groupe était autonome par rapport à l’association; il avait son
fonctionnement, son règlement, son président. Ce groupe de grands
électeurs décidait d’accorder leur soutien à tel candidat. En tant
qu’association nous n’intervenons pas. C’est ce qui fait toute la
différence avec un parti politique qui est dans une logique de pouvoir à
exercer via des élus, alors que nous sommes dans une logique de service à
des citoyens.
Combien de candidats soutenus par Français du monde-adfe ont
été élus comme conseillers consulaires ? Combien de sièges ont-ils
obtenu lors de l'élection des 90 membres de l'Assemblée des Français de
l’étranger ? Ne craignez-vous pas que la réduction du nombre de membres
de l'AFE affecte son efficacité ?
150 candidats soutenus par Français du monde-adfe ont été élus
conseillers consulaires. En ce qui concerne l’Assemblée des Français de
l’étranger, 33 adhérents en sont devenus membres. Nous restons donc dans
la même proportion que l’ancienne AFE avec plus d’un tiers de membres.
Le nombre ne fait pas l’efficacité de l’Assemblée, si une proportion
suffisante travaille, elle peut faire aussi bien que l’ancienne
assemblée.
Que pensez-vous de la commission d'enquête sur "l'exil des forces vives de France" ?
C’est une commission purement idéologique, résultant d’une
méconnaissance totale de ce qu’est le monde d’aujourd’hui. Les Anglais
comme les Allemands ont plus de quatre millions d’expatriés. Les jeunes
diplômés anglais et allemands s’expatrient beaucoup plus que les jeunes
diplômés français. Dit-on pour autant que l’Allemagne est en crise parce
qu’elle perd ses forces vives ? On est passé d’une France des clochers
qu’on ne perdait pas de vue à une France avec des jeunes qui ont envie
de voir le monde. Pendant leurs études supérieures, on les a obligés à
faire des stages à l’étranger. Pourquoi resteraient-ils en France alors
que les grandes entreprises françaises sont devenues des entreprises
internationales ? La France heureusement participe aux mouvements
migratoires du monde. C’est très important pour l’avenir du commerce
extérieur français. Avant, les Français arrivaient dans un pays pour
conclure un contrat dans les meilleurs délais, sans prendre le temps de
rester quelques jours pour nouer des relations personnelles et s’adapter
à leurs clients. Des jeunes qui ont eu l’esprit ouvert, par des
expatriations dans plusieurs pays, seront bien meilleurs.
Quels sont les projets futurs de Français du monde ?
Nous souhaitons continuer à agir pour que les Français s’intègrent au
mieux dans leur pays de résidence tout en gardant le lien civique et
culturel avec la France. Pour favoriser l’intégration dans le pays de
résidence, nous poussons nos sections à développer des relations avec
les associations dans leur pays d’accueil et à avoir des adhérents non
français.
Pour ce qui est du lien culturel, ils ont besoin d’aide sur le plan
linguistique par exemple pour leurs enfants. Notre association est à
l’origine des groupes FLAM (Français Langue Maternelle) permettant à des
enfants qui n’iront jamais dans une école française d’avoir une
pratique de la langue française ludique hors de la seule relation avec
le parent français.
Nous encourageons également nos adhérents à participer au Téléthon
car nous le considérons comme une grande cause nationale. C’est une
spécificité française de mettre en mouvement toute la société pour
drainer des fonds destinés à la recherche sur les maladies. Ce mouvement
a commencé l’an dernier avec 17.000 euros récoltés.
En tant que présidente, sur quoi souhaitez-vous faire porter votre action en priorité ?
Je voudrais renforcer les moyens de communication entre les Français
de l’étranger et l’association. Cela passe par un enrichissement de
notre site internet dont l’objectif est de fournir des informations
fiables et de faire des remontées de leurs problèmes pour que l’on
intervienne auprès des pouvoirs publics.
Lorsque j’étais sénatrice j’ai fait un rapport sur l’exclusion sociale dans les communautés françaises et mon grand regret est que ce rapport n’ait pas pris une ride. Une expatriation est une aventure sans filet, il y a nécessairement des moments où l’on tombe. Les associations, les accueils, l’UFE, Français du monde et une administration pro active doivent aider les personnes en difficulté. La solution n’est pas toujours le rapatriement. Il faut importer dans certains pays de l’aide à la formation professionnelle, sachant qu’une personne qui vit depuis 15 ans dans un pays est davantage employable dans ce pays qu’en France.
Propos recueillis par Bénédicte Buisson
[Source : www.lepetitjournal.com]

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