quarta-feira, 16 de julho de 2014

FRANÇAIS DU MONDE – "Heureusement, les Français participent aux mouvements migratoires"

L’association Français du monde - adfe compte aujourd’hui plus de 4000 adhérents. Plus d’un mois après les élections consulaires, la présidente Monique Cerisier Ben-Guiga dresse un bilan sur ces élections et revient sur les projets de l’association

lepetitjournal.com : La participation aux élections consulaires a été plutôt faible. Quel bilan faites-vous de cette première élection ?
Monique Cerisier ben Guiga : Il est très difficile pour l’instant de dresser le bilan de ces élections car une participation au niveau mondial ne veut rien dire. Ce que je constate c’est qu’il n’y a pas eu de chute globale de la participation. Cette dernière s’est maintenue et elle a même été supérieure à la participation aux élections européennes. Cela signifierait que le vote par internet a joué un rôle favorable dans la participation. Elle est toujours plus forte dans les pays qui connaissent de grosses difficultés comme en Afrique par rapport aux États-Unis. Mais cela reste vague. Nous serons capables de donner une vraie analyse quand nous aurons tous les chiffres.

Quant à l’organisation du scrutin, les difficultés viennent d’un manque de moyens humains. Le personnel consulaire est en sous-effectif et n’a pas de formation spécifique sur les questions électorales.

Vous aviez plusieurs listes à votre nom. Français du monde-adfe n'est-elle pas en train de devenir un parti politique ?
Nous ne présentions pas de candidats contrairement à un parti politique. La démarche est inverse, nous apportions notre soutien à des adhérents qui nous le demandaient. En tant qu’association civique, nous veillons à ce que nos adhérents puissent avoir une vie civique française tout en restant à l’étranger. Dans cette vie civique, il peut y avoir la démarche de se présenter à une élection. Quand des adhérents à nos associations ont constitué des listes, dans les normes démocratiques que nous avions exigées, nous leur avons accordé notre soutien. Ils pouvaient utiliser notre logo et notre nom. Nous les avons aidés d’un point de vue technique en fournissant à nos sections dès le mois de septembre des fiches pour leur expliquer comment faire pour constituer une liste, rédiger une circulaire électorale ou encore comment respecter la loi en matière financière.

Les conseillers consulaires soutenus par Français du monde-adfe n’auront donc pas de consigne de vote pour les prochaines sénatoriales?
L’association Français du monde-adfe ne donnait déjà pas de consigne de vote et elle n’en donnera toujours pas. Auparavant les seuls grands électeurs étaient conseillers à l’AFE (assemblée des Français de l’étranger). Ces conseillers avaient un groupe « Français du monde » et ce groupe était autonome par rapport à l’association; il avait son fonctionnement, son règlement, son président. Ce groupe de grands électeurs décidait d’accorder leur soutien à tel candidat. En tant qu’association nous n’intervenons pas. C’est ce qui fait toute la différence avec un parti politique qui est dans une logique de pouvoir à exercer via des élus, alors que nous sommes dans une logique de service à des citoyens.

Combien de candidats soutenus par Français du monde-adfe ont été élus comme conseillers consulaires ? Combien de sièges ont-ils obtenu lors de l'élection des 90 membres de l'Assemblée des Français de l’étranger ? Ne craignez-vous pas que la réduction du nombre de membres de l'AFE affecte son efficacité ?
150 candidats soutenus par Français du monde-adfe ont été élus conseillers consulaires. En ce qui concerne l’Assemblée des Français de l’étranger, 33 adhérents en sont devenus membres. Nous restons donc dans la même proportion que l’ancienne AFE avec plus d’un tiers de membres. Le nombre ne fait pas l’efficacité de l’Assemblée, si une proportion suffisante travaille, elle peut faire aussi bien que l’ancienne assemblée.

Que pensez-vous de la commission d'enquête sur "l'exil des forces vives de France" ?
C’est une commission purement idéologique, résultant d’une méconnaissance totale de ce qu’est le monde d’aujourd’hui. Les Anglais comme les Allemands ont plus de quatre millions d’expatriés. Les jeunes diplômés anglais et allemands s’expatrient beaucoup plus que les jeunes diplômés français. Dit-on pour autant que l’Allemagne est en crise parce qu’elle perd ses forces vives ? On est passé d’une France des clochers qu’on ne perdait pas de vue à une France avec des jeunes qui ont envie de voir le monde. Pendant leurs études supérieures, on les a obligés à faire des stages à l’étranger. Pourquoi resteraient-ils en France alors que les grandes entreprises françaises sont devenues des entreprises internationales ? La France heureusement participe aux mouvements migratoires du monde. C’est très important pour l’avenir du commerce extérieur français. Avant, les Français arrivaient dans un pays pour conclure un contrat dans les meilleurs délais, sans prendre le temps de rester quelques jours pour nouer des relations personnelles et s’adapter à leurs clients. Des jeunes qui ont eu l’esprit ouvert, par des expatriations dans plusieurs pays, seront bien meilleurs.

Quels sont les projets futurs de Français du monde ?
Nous souhaitons continuer à agir pour que les Français s’intègrent au mieux dans leur pays de résidence tout en gardant le lien civique et culturel avec la France. Pour favoriser l’intégration dans le pays de résidence, nous poussons nos sections à développer des relations avec les associations dans leur pays d’accueil et à avoir des adhérents non français.

Pour ce qui est du lien culturel, ils ont besoin d’aide sur le plan linguistique par exemple pour leurs enfants. Notre association est à l’origine des groupes FLAM (Français Langue Maternelle) permettant à des enfants qui n’iront jamais dans une école française d’avoir une pratique de la langue française ludique hors de la seule relation avec le parent français.

Nous encourageons également nos adhérents à participer au Téléthon car nous le considérons comme une grande cause nationale. C’est une spécificité française de mettre en mouvement toute la société pour drainer des fonds destinés à la recherche sur les maladies. Ce mouvement a commencé l’an dernier avec 17.000 euros récoltés.

En tant que présidente, sur quoi souhaitez-vous faire porter votre action en priorité ?
Je voudrais renforcer les moyens de communication entre les Français de l’étranger et l’association. Cela passe par un enrichissement de notre site internet dont l’objectif est de fournir des informations fiables et de faire des remontées de leurs problèmes pour que l’on intervienne auprès des pouvoirs publics.

Lorsque j’étais sénatrice j’ai fait un rapport sur l’exclusion sociale dans les communautés françaises et mon grand regret est que ce rapport n’ait pas pris une ride. Une expatriation est une aventure sans filet, il y a nécessairement des moments où l’on tombe. Les associations, les accueils, l’UFE, Français du monde et une administration pro active doivent aider les personnes en difficulté. La solution n’est pas toujours le rapatriement. Il faut importer dans certains pays de l’aide à la formation professionnelle, sachant qu’une personne qui vit depuis 15 ans dans un pays est davantage employable dans ce pays qu’en France.

Propos recueillis par Bénédicte Buisson 

[Source : www.lepetitjournal.com]

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