quarta-feira, 26 de outubro de 2016

Amos Oz dans Marianne : on voudrait qu’Israël, en tendant l’autre joue, soit la nation la plus chrétienne du monde

À l’occasion de la sortie de son livre « Judas » où il plaide en faveur de Judas dans une fresque saisissante à travers laquelle il pose à Israël la question de la mémoire et du futur, Amos Oz a accordé une interview à Martine Gozlan de l’hebdomadaire Marianne. Inévitablement, la journaliste le questionne sur l’attitude à adopter face à l’islam radical palestinien. Amos Oz, chantre de la paix va poser ses limites :
Il faut parler à l’ennemi, au Hamas ?
« Bien sûr. Sauf s’il répète sans cesse qu’il veut vous détruire. D’une part, nous ne sommes pas une nation chrétienne. Ensuite, même les nations chrétiennes n’ont jamais tendu l’autre joue. A-t-on parlé de faire disparaître l’Allemagne après Hitler, ou la Russie après Staline ? On parle pourtant de faire disparaître Israël. C’est cela, ma ligne rouge. J’accepte toutes les critiques, même les plus vives, mais pas quand elles se conjuguent à l’éventualité de notre disparition, voire au souhait qu’Israël n’ait jamais été créé. Cette ligne rouge me sépare d’un certain nombre d’intellectuels européens. De l’autre côté, on me trouve trop pro-palestinien, alors que ceux-là me reprochent d’être trop pro-sioniste.
L’un des thèmes agités sans cesse tourne autour de la «déception» que représenterait Israël. Mais il faut comprendre que ce pays est né de rêves monumentaux. Les autres pays ne se sont pas construits sur des rêves, mais sur des réalités démographiques, politiques, géographiques. Parce qu’Israël est né du rêve, il est forcément décevant comme tout rêve accompli, que ce soit un voyage exotique, un désir brûlant, voire l’écriture d’un livre. La seule façon de garder un rêve, c’est de ne pas l’accomplir ! La déception n’est donc pas liée à la nature d’Israël, mais à l’accomplissement du rêve qui l’a porté. Personnellement, je n’ai pas le cœur brisé. Je n’ai jamais pensé que nous allions vivre dans un jardin d’Eden. En revanche, j’ai confiance dans les changements pas à pas, je crois aux solutions humbles qui feront leur chemin. Mais je ne crois pas au salut fracassant, à la solution clés en main, à la rédemption. »


[Source : www.coolamnews.com]

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